Voici un livre singulier, qui vous invite à un festin amer et pourtant particulièrement relevé. Les quatorze textes de ce recueil de contes atrabilaires, transcendés par la plume rare et ciselée de Nicolas Liau, s’aventurent dans les extrêmes retranchements de la noirceur et du désespoir, en quête de beauté. Les énergies sombres qui le traversent célèbrent la rencontre destructrice
et douloureuse d’Éros et Thanatos, mais l’omniprésence ambiguë de la mort et du plaisir, tour à tour révérés et honnis, finit par instiller le doute dans l’esprit du lecteur : ne jaillirait-il pas de ces effusions mortifères une source renouvelée de vie et de création ?
Quelques figures marquantes se dressent en chemin pour vous faire les honneurs de cette féroce célébration – un accordeur de cœurs cherchant l’âme sœur, un scruteur de ciels trop téméraire, un garde forestier turpide et une lavandière crédule, sa victime. Les chemins de paysages sombrement beaux – villes en perdition, marais stagnants, forêts étouffantes – s’offrent à vos déambulations. Partout, le petit peuple des animaux, martyrs et rédempteurs, vous accompagne dans cette errance. Dans la mort qui s’annonce, c’est la vie qui palpite plus frénétiquement qu’elle ne le fait jamais.
Il peut paraître singulier d’affrioler le lecteur potentiel en lui vantant l’ouvrage qui l’intrigue sous un jour aussi peu réjouissant. Chacun jugera s’il se sent de taille à tenter l’aventure, mais vous vous priveriez d’un plaisir rare en passant votre chemin. Comme l’indique Jacques Sirgent dans sa préface, « ce livre est un diamant noir, un des plus beaux que j’aie lus, et le plaisir de lire vous fait retrouver un semblant de bonheur, ce qui est déjà beaucoup dans le monde d’aujourd’hui. » Puisse-t-il être entendu.
Au sommaire :
Préface de Jacques Sirgent
Prologue – Morbidesse
Le Clou du spectacle
Le Garçon qui écoutait les cœurs
Une misère
Cette tristesse au goût d’ancolie
Trois petites goulées de mort pure
Priapées
Enfer et Damnation
Le Mouroir aux Tourterelles
Le Havre des Sans-Sourires
Fleurs de barbelés
Corpus Delicti
Il regardait le monde par la racine
Jusqu’à ce que pâlissent les étoiles
L’arbre où j’ai pendu ta peau
Epilogue – Angélophanie
En guise d’hommage – On n’arrête pas un train en marche
Remarqué par Claude Seignolle, dont il admire la flamboyante plume soufrée, Nicolas Liau n’a d’yeux et de cœur que pour les belles et brèves histoires qui tournent mal, celles qui racontent l’horreur et le cauchemar avec la langue des poètes. Auteur d’une promenade littéraire autour des superstitions berrichonnes (Les Épouvantails du Maufait), il a également publié des recueils de contes noirs et grinçants : Quand je serai grand, je serai mort et C’est encore loin la mort ?
On trouvera (et l’on consultera avec profit) à cette adresse le site personnel de l’auteur.