Mary Elizabeth Braddon
Autrice
(1835-1915)
Toute jeune, miss Braddon entame une carrière théâtrale sous le pseudonyme de Mary Setton afin de subvenir à ses besoins et à ceux de sa mère, séparée du père de Mary Elizabeth, avocat impécunieux et volage. C’est sur les planches qu’elle fait la connaissance de John Gilby et Edward Bulwer Litton qui deviennent ses mentors et l’aident à se lancer dans la carrière littéraire à laquelle elle décide de se consacrer à plein temps. En 1860, Braddon entame une relation avec l’éditeur John Maxwell, dont l’épouse est enfermée dans un asile d’aliénés. Nombre de ses romans paraîtront en pré-publication dans des revues de Maxwell, y compris le plus célèbre, Lady’s Audley secret, qui crée un scandale et connaît illico un succès phénoménal (neuf retirages la première année pour ce roman en trois tomes qui permet à son éditeur, William Tinsley, de se faire construire une somptueuse demeure qu’il baptisera « Audley’s lodge »…). Après ce premier succès, Braddon emménage chez Maxwell au mépris du qu’en-dira-t-on et devient une mère de substitution pour ses enfants. Le scandale occasionné par ce « ménage à trois » ne cessera qu’au décès de l’épouse de Maxwell en 1874, qui leur permet de « régulariser » leur situation en se mariant. Parallèlement éditrice du magazine à succès BELGRAVIA qui lui assure sécurité financière et indépendance (elle a également dirigé TEMPLE BAR), M. E. Braddon poursuit à un rythme soutenu une carrière d’écrivain prolifique et populaire. D’abord placée sous le signe du roman « à sensation » dans la lignée de Wilkie Collins, son œuvre explore également le genre fantastique, où elle se fait une spécialité des « ghost stories », ainsi que les « mystery novels », genre pour lequel on la crédite d’un certain nombre d’innovations marquantes. Octogénaire à sa mort, elle laisse derrière elle une œuvre riche et variée, caractérisée par d’astucieuses constructions narratives qui ont fait dire à William Thackeray : « Si j’étais capable d’écrire des intrigues comme miss Braddon, je serais le plus grand écrivain anglais. » Ce n’est donc que justice si elle reste aujourd’hui dans les mémoires comme l’une des principales « victoriennes », même si elle demeure notoirement sous-traduite dans notre langue.
- Élévation
Le Novelliste #02 – pages 134 à 140