George Griffith
Auteur
(1857-1906)
Né en 1857 à Plymouth, George Chetwynd Griffith-Jones était le fils d’un clergyman peu fortuné. Après avoir fait son éducation à domicile – principalement dans la bibliothèque de son père amplement garnie des œuvres de Jules Verne –, puis sur les bancs d’une école, il compléta celle-ci en partant très jeune gagner sa vie sur les mers et jusqu’en Australie. De retour en Angleterre en 1877, bien que n’ayant jamais pu achever ses études il obtint un poste d’enseignant et commença à publier des articles dans un journal local, ainsi que deux recueils de poèmes sous le pseudonyme de « Lara ». En 1887, il épouse Elizabeth Brierly et le couple déménage l’année suivante à Londres où Griffith se lance dans le journalisme. C’est au sein de l’équipe rassemblée par Arthur C. Pearson pour lancer sa nouvelle revue qu’il saura saisir sa chance, dans les colonnes du PEARSON’S WEEKLY, puis dans celles du PEARSON’S MAGAZINE. D’abord engagé pour répondre au courrier des lecteurs, il apprend son métier sur le tas et parvient à convaincre Pearson de le laisser écrire un serial destiné à booster les ventes de sa publication. Ce sera The Angel of the revolution (1893), bientôt suivi de Olga Romanoff (1894), qui connaîtront tous deux un succès public et critique aussi exceptionnel que foudroyant. Cet ambitieux diptyque d’anticipation narre sur une période courant d’un futur proche au XXIe siècle la lutte d’une organisation secrète révolutionnaire armée de vaisseaux aériens de guerre plus lourds que l’air pour renverser l’ordre existant et établir une utopie égalitariste au niveau planétaire. C’est pour Griffith le début d’une carrière au cours de laquelle il explorera, au travers de plus d’une trentaine de romans, différents thèmes qui sont devenus des marqueurs de la science-fiction, du fantastique ou du roman d’aventures. À ce titre, on a pu lire qu’il avait emprunté à Wells, accusation qu’une étude un peu sérieuse de la chronologie suffit à contredire. Griffith a devancé Wells en imaginant une civilisation martienne supérieure à la civilisation humaine (Olga Romanoff, 1894), une exploration interplanétaire (A honeymoon in space, 1901), une collision fatale entre une comète et la Terre (The great Crellin comet, 1897, nouvelle étendue en 1905 aux dimensions d’un roman : The world peril of 1910). S’il est un auteur dont s’est inspiré Griffith, c’est bien plutôt Jules Verne – mais qui ne le faisait pas à l’époque ? En dépit de son importance historique, l’oubli dans lequel est rapidement tombée son œuvre peut s’expliquer en partie par son antiaméricanisme virulent, perceptible dès son premier roman, et qui lui valut sans doute d’être toujours ignoré dans ce pays. Enfin, il faut mentionner sa carrière de globe-trotter et d’explorateur, qui l’amena à faire le tour du monde en 65 jours. C’est sur l’île de Man, où il s’était installé par mesure d’économie sur la fin de sa carrière, que meurt Griffith à l’âge de quarante-huit ans, d’une cirrhose du foie. Il n’est pas indifférent de noter que son fils, Alan Arnold Griffith (1893-1963), est ensuite devenu un ingénieur réputé dont les inventions ont permis la mise au point de ces nefs aériennes ultrarapides rêvées jadis par son père…
- Une année de génie
Le Novelliste #01 – pages 40 à 51