Fred T. Jane

Illustrateur

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(1865-1916)

 

John Fredrick Thomas Jane, né le 6 août 1865 à Richmond dans le Surrey, a vécu et travaillé la quasi-totalité de son existence à Portsmouth. C’est sur les bancs de l’école qu’il commence à dessiner des navires de guerre dans ses cahiers, et sans le savoir, c’est toute une carrière qu’il amorce ainsi. Au cours de la dernière décennie du XIX^e siècle, il devient illustrateur de ce que l’on appelait alors des « romances scientifiques », avec une prédilection pour les scènes maritimes et les bateaux. Et lorsque les romanciers laissent leur imagination s’envoler pour concevoir des embarcations volant dans les airs, c’est tout naturellement qu’il met en forme, avec un réalisme saisissant, leurs plus audacieuses créations. Edward Douglas Fawcett tout d’abord (Hartmann the anarchist, dans l’ILLUSTRATED MAGAZINE puis en volume), suivi de peu par George Griffith (The angel of the revolution et Olga Romanoff) verront leurs œuvres grandement amendées par cet apport graphique, à tel point que ces romans sont aujourd’hui indissociables de l’art de F.T. Jane. C’est oublier que ce touche-à-tout, comme c’était souvent le cas à l’époque, avait plus d’une corde à son arc. Dans divers magazines, il écrit des articles sur la vie londonienne qu’il enrichit abondamment de ses dessins. Écrivain lui-même, il livre une série de trois romans (dont deux illustrés également par ses soins) relevant pleinement de ce qui ne s’appelait pas alors la science-fiction et qui sont aujourd’hui aussi hors de prix qu’introuvables : The incubated girl (1896), To Venus in five seconds (1897), The violet flame (1899). Son goût pour l’anticipation s’exprime pleinement dans une série d’illustrations intitulée Guesses at futurity (1894-95) dans le PALL MALL MAGAZINE. Voilà pour ce qui concerne plus précisément les centres d’intérêt du NOVELLISTE, et les vôtres sans doute. Ce n’est pourtant pas ce qui a fait la renommée de F.T. Jane, créateur d’une série de livres documentaires sur les bateaux et avions de guerre (All the world’s fighting ships et All the world’s airships) qui perdure et fait référence encore aujourd’hui, ainsi que du Jane’s Information Group, « entreprise de renseignement de sources ouvertes sur les thèmes de la défense, de la sécurité, des transports et de la police » toujours en activité. Et comme si cela ne suffisait pas, il fut également le créateur d’un « naval wargame » que la marine utilisa pour l’édification stratégique de ses officiers. Dans ces conditions, on peut légitimement se demander ce qu’il aurait accompli encore s’il n’était pas mort prématurément, à cinquante ans, de complications cardiaques d’une mauvaise grippe…