Edith Nesbit

Autrice
(1858-1924)
Née le 19 août 1858, Edith Nesbit est fille d’un maître d’école qui dirigea avec succès plusieurs établissements à Bradford, Manchester et Londres. La mort de ce père qu’elle adorait, alors qu’elle n’avait que six ans, la marquera à jamais et influencera en grande partie son œuvre future. En dépit de problèmes financiers consécutifs à ce décès, sa mère parvient à assurer son éducation dans des établissements privés à Brighton et en France. Plus tard, Edith Nesbit écrira : « Quand j’étais petite fille, je priais avec ferveur, dans les larmes, pour que devenue grande je puisse ne jamais oublier ce que j’ai ressenti et souffert durant mon enfance. »
À l’âge de dix-neuf ans, Edith fait la connaissance de Hubert Bland, jeune écrivain aux opinions radicales. La découverte de sa grossesse en 1879 les incite à se marier, le 22 avril 1880, deux mois avant la naissance du bébé. Julia Briggs, qui lui a consacré une biographie, raconte : « Bland continuait de passer la moitié de chaque semaine chez sa mère veuve, soignée par une dame de compagnie du nom de Maggie Doran, qui avait également eu un fils de lui. Edith ne s’en rendra compte que plus tard, lorsque Hubert rentrera chez eux avec la variole. Avec son optimisme caractéristique, elle lui pardonne, se fait une amie de Maggie et se résigne à entretenir toute la maisonnée (Bland se révélant assez piètre soutien de famille) en écrivant des poèmes et des nouvelles et en peignant à la main des cartes de vœu. Prenant exemple sur le comportement assez libre de son époux, Edith aura elle aussi des aventures avec d’autres hommes dont le moindre n’est pas George Bernard Shaw.
Tous deux socialistes, Edith et Hubert décident le 24 octobre 1883, en compagnie de leur ami Edward Pease, de créer un groupe de réflexion et de débats auquel ils donnent le nom de « Fabian Society », qui prendra progressivement pas mal d’ampleur dans les cercles culturels et artistiques et formera avec le temps l’embryon du parti travailliste. Peu après, Edith publiera deux romans consacrés aux débuts du mouvement socialiste anglais – The prophet’s mantle (1885) et Something Wrong (1886) – sous le nom de plume de Fabian Bland. En février 1886, elle donne naissance à un enfant mort-né. Son amie, Alice Hoatson, emménage avec le couple pour la seconder et restera leur gouvernante en une sorte de ménage à trois assumé. L’année suivante, Alice donne naissance à un enfant dont Hubert est le père. Edith accepte la situation et élèvera cette fille, Rosamund, comme la sienne. C’est en 1899 que paraît le livre – The story of the treasure seekers – qui donne à sa carrière son orientation définitive. Comme l’explique Julia Briggs, « avec la création d’Oswald Bastable [le héros de ce livre, qui deviendra une trilogie avec The wouldbegoods (1901) et The new treasure seekers (1904)], Edith comprit qu’elle avait découvert une façon extrêmement originale d’écrire pour et sur les enfants.
À partir de cet instant, elle alla de l’avant sans retour en arrière. Les dix années suivantes virent la publication de ses principales œuvres pour la jeunesse, sans qu’elle néglige pour autant de continuer à composer poèmes, pièces de théâtre, romans et nouvelles fantastiques. Les livres d’Edith devinrent extrêmement populaires auprès des enfants aussi bien que des adultes et suscitèrent l’admiration des plus prestigieux de ses pairs, tels Kipling et Wells. Le thème récurrent chez elle de la disparition du père ou de son retour fait écho aux peurs ou aux espoirs les plus enracinés de l’enfance, de même que celui du vœu exaucé qui se révèle source d’embarras ou de terreur. C’est après avoir écrit une œuvre comptant plus d’une quarantaine de volumes qu’Edith Nesbit, grande fumeuse depuis toujours, mourra d’un cancer du poumon, le 4 mai 1924.
- Plus noir que l’enfer
Le Novelliste #01 – pages 118 à 134